Sommeil, apnées du sommeil et cerveau : quels liens ?

Ce mois-ci nous avons demandé au Dr Daniela Pennaroli, pédiatre et membre d’un service de neurophysiologie à Marseille, de nous expliquer les liens entre sommeil, apnées du sommeil et cerveau. Le cerveau assure en effet un rôle majeur dans le fonctionnement du corps humain, notamment dans la coordination de tous nos organes et des fonctions cognitives (celles liées à notre capacité à apprendre, retenir une information, communiquer, etc.). La qualité de notre sommeil a un impact non négligeable sur l’ensemble de ces mécanismes.

Que se passe-t-il dans le cerveau durant le sommeil ?

Dr Daniela Pennaroli : Le sommeil est un processus très actif qui sert à de nombreuses fonctions. Ces fonctions vont dépendre de l’âge et chacune d’elle sera aussi liée à un stade spécifique du sommeil.

Le sommeil permet aussi de réguler les émotions, l’appétit, le poids, de renfoncer le système immunitaire, et de nettoyer le cerveau de toxines.

Le sommeil lent profond (SLP) est connu comme le sommeil réparateur, il nous permet d’être en forme le lendemain car il a un rôle de conservateur et restaurateur de l’énergie. Pendant cette phase du sommeil, les dommages de la journée et la fatigue physique sont « réparés », l’immunité est stimulée, et c’est le moment où sont secrétées les hormones de croissance (qui permettent à l’enfant de grandir), les hormones sexuelles et celles intervenant dans la régulation du poids.

En revanche, lors du sommeil paradoxal (SP), il y a une forte activation neuronale et une consommation d’énergie. Pendant ce stade, les connexions entre les cellules appelées synapses sont favorisées pour permettre l’acquisition et la rétention de nouvelles connaissances. C’est aussi le sommeil des rêves.

 

En résumé :

Le sommeil lent profond nous permet d’évacuer le stress, de nettoyer le cerveau des toxines, de favoriser le développement et la maturation et de reconstituer les réserves énergétiques.

Le sommeil paradoxal, lui, permettra de consolider la mémoire, intégrer de nouvelles connaissances, et d’être plus performant.

 

Quels sont les effets d’un manque de sommeil sur le cerveau ?

Une privation chronique de sommeil (c’est-à-dire sur du long terme) a des effets négatifs sur la croissance, la régulation du poids, le contrôle des émotions, l’attention, la concentration et la mémoire.

Lorsqu’on n’a pas un temps de sommeil suffisant, le risque d’obésité, de diabète et d’hypertension augmente de façon considérable. On est aussi plus irritable et moins performant. Des problèmes de concentration et de mémoire peuvent alors apparaître. L’apprentissage des tâches, surtout les plus complexes, peut être perturbé.

Plus faible, on est aussi plus sensible aux infections ainsi qu’au risque de dépression et à l’anxiété.

 

Quel impact des apnées du sommeil sur le cerveau ?

Chez l’enfant, les apnées du sommeil (SAOS) non traitées entrainent une fragmentation et une altération de l’architecture du sommeil. La qualité du sommeil étant alors moins bonne, l’enfant est fatigué pendant journée.

Un enfant somnolent, qui lutte contre le sommeil, peut devenir irritable, hyperactif et agressif.

Par ailleurs, lors des apnées, le cerveau est moins oxygéné, favorisant l’apparition de troubles cognitifs : altération de la mémoire, troubles de l’apprentissage et de l’attention entre autres. La concentration devient plus difficile, avec un risque de « décrocher » facilement et de voir ses performances à l’école diminuer.

Chez l’adulte, les conséquences des apnées du sommeil non traitées sont sensiblement les mêmes. Les troubles respiratoires du sommeil peuvent de plus s’associer à d’autres troubles comme les mouvements périodiques de sommeil par exemple.

 

Avez-vous un message à faire passer ?

Il est très important de faire comprendre à tous, quel que soit l’âge, l’importance de dormir suffisamment et d’avoir une bonne hygiène de sommeil : en respectant des horaires de coucher et de lever, même le week-end, en évitant l’utilisation des écrans tard le soir, ainsi qu’en établissant une routine calme le soir favorable à l’endormissement.

Si des parents remarquent que leur enfant ronfle, a une respiration bruyante ou fait des pauses respiratoires, qu’il est agité la nuit et fatigué la journée, il est alors important de consulter un médecin du sommeil afin de dépister un éventuel syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) ou un autre trouble du sommeil qui pourrait avoir de conséquences très négatives pour sa santé et son développement.

 

Pour aller plus loin :

[VIDEO] Sommeil des adolescents : Le manque de sommeil altère le cerveau (AlloDocteurs).

L’apnée du sommeil chez l’enfant : articles & témoignages

 

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